Photo de famille du groupement.

Sénégal - Toutes les noix de cajou de la région de Nguindir en Casamance sont vendues à l’état brut. Une aberration économique.

Les vergers d’anacardiers se succèdent sur la piste entre Sédhiou et le village de Nguindir dans la commune de Bambaly. À notre arrivée, Mabintou Diatta, la présidente du groupement Unduuba, confirme: «Toutes les familles du village disposent d’un verger, dont la taille varie entre 1 et 9 ha. Dans le village, nous produisons 238 tonnes de noix. La production s’élève à 2500 tonnes dans la région qui englobe onze villages. C’est beaucoup et nous souhaitons valoriser davantage cette richesse.» Une étude récente menée dans la région arrive aux conclusions suivantes: les revenus issus de la vente des noix brutes sont affectés à 59,9% aux dépenses des familles, 24,2% à l’épargne, 14,4% sont réinvestis dans d’autres activités et 1,5% sert à financer l’émigration des jeunes.

Un potentiel important

Mais actuellement, la plus-value générée par la transformation du fruit de l’anacardier échappe complètement aux producteurs. Mabintou Diatta explique: «Nous vendons les noix à FCFA 500.– le kg de noix brut, (soit moins de CHF 1.–). Si nous pouvions les transformer, le prix passerait à FCFA 2500.–, voire 5000.– le kg, selon la qualité. La transformation manuelle nous prend beaucoup de temps. C’est un travail pénible et les résultats sont inadaptés à la commercialisation.

Pour ces raisons, notre groupement Unduuba composé de 240 membres souhaite ériger une unité de transformation des fruits de l’anacardier.» Nguindir est l’endroit propice pour y implanter une telle unité en raison de l’accès facilité à la matière première et de sa situation centrale dans la commune.

Un processus à maîtriser

Le groupement villageois connaît bien la filière de l’anacarde. C’est un atout, mais il faudra que ses membres s’approprient le processus de transformation. Ils franchiront alors une étape importante. En plus de la construction d’une unité et de son équipement par des appareils semi-mécanisés, il est prévu de former les membres en technique de transformation, mais aussi dans les domaines de la gestion financière et de la vie associative. Notre équipe de coordination les accompagnera durant toute la durée de mise en place et les appuiera pour élaborer une stratégie de vente. Ce point est crucial pour que le groupement se positionne sur le marché.

Il y a dix ans, Nouvelle Planète avait déjà soutenu la mise en place d’une unité similaire à Simbandi Balante sur la rive sud du fleuve Casamance. Elle fonctionne toujours à merveille. En tirant les leçons de ce projet, nous souhaitons faire encore un pas supplémentaire pour donner des perspectives économiques durables aux habitants de Nguindir.

Xavier Mühlethaler