Échanges lors d’un jeu de cartes.

Suisse-Sud - Les échanges avec de jeunes Suisses lors d’un voyage d’entraide ont marqué un jeune Sénégalais de 17 ans. Son attitude a changé.

Abdou* a grandi dans un petit village du Sénégal, au bout du monde. C’est le genre de villages insignifiants que l’on ne trouve sur aucune carte. Un village où tous les adolescents ne rêvent que d’une chose : émigrer.

Lorsqu’Abdou a appris qu’un groupe de jeunes Suisses allait passer trois semaines dans son village pour contribuer à la mise en place d’une unité de transformation de riz, il n’en a pas cru ses yeux : « Pourquoi diable des toubabs d’un pays riche se perdraient-ils dans un village paumé comme le mien ? ». Et d’un coup, le groupe annoncé a débarqué. Il croyait rêver. C’était la première fois que quelqu’un s’intéressait autant à lui.

Le séjour d’un groupe de Nouvelle Planète est un évènement unique pour les villageois de nos pays d’intervention car ils n’ont pas souvent de contacts avec des Occidentaux. Les échanges vécus restent alors gravés dans les mémoires.

Après le voyage, Abdou a raconté ses impressions à l’équipe de coordination de Nouvelle Planète, qui suit le projet : « Les étrangers voulaient tout savoir : ils s’imprégnaient de mon foyer. Ils s’étonnaient que je vive avec mes parents et mes frères et sœurs, ainsi qu’avec mes grands-parents, mon oncle et ma tante.

De mon côté, j’étais émerveillé par les habits des Blancs et par leurs caméras.Les Suisses me questionnaient sur l’école, la musique, le sport, mais aussi sur ma famille et sur la culture locale. Nous travaillions côte à côte sur le chantier où s’érigeait l’unité de transformation. Nous avons aussi débattu des relations femmes-hommes. J’ai appris avec surprise que les rôles traditionnels étaient différents en Europe ! Selon les Blancs, les tâches de chez nous étaient réparties de manière inégale. Ils trouvaient que les hommes devraient aider leurs femmes à la cuisine. Ça me faisait sourire, mais du coin de l’œil, j’observais que chez les ‹ toubabs ›, les garçons aussi aidaient à la cuisine. »

À travers le séjour d’étrangers, tout un village a ainsi découvert une autre réalité. Une aventure enrichissante, mais aussi complexe.

La maman d’Abdou l’a aussi remarqué : « Depuis ces contacts, mon fils m’aide spontanément à faire à manger » explique-t-elle. Ni Abdou, ni sa maman n’oublieront les « toubabs » et les aventures vécues ensemble.

Thaïs In der Smitten

Traduit par Roman Twerenbold

*prénom d'emprunt